Il y a eu les peintres "naïfs" (Le Douanier Rousseau). Ils voulaient retrouver le geste innocent et la pureté de l'enfance. Cette recherche pourrait sembler inconciliable avec le rock. De mémoire, je ne connais que Lou Reed qui ait fait chanter des enfants sur "Berlin", mais c'est parce qu'il avait besoin d'enregistrer des pleurs pour son histoire de mère junky nymphomane à qui on enlève la garde de ses mômes. Il suffisait d'enfermer les gamins (en l'occurence les enfants du producteur Bob Ezrin qui devait être tout aussi défoncé que le grand méchant Lou) dans le studio en leur faisant croire qu'ils ne verraient plus jamais leur maman. Et hop, un super morceau à la clé! Pas vraiment naïf tout ça. Franchement je n'aurais pas su que c'était Karen O qui s'y collait, je n'aurais sans doute pas jeté la moindre attention à la bande son de "Max Et Les Maximonstres". J'ai autre chose à faire que de me taper la musique d'un film qui porte un titre qu'on croirait sorti du cerveau de Luc Besson. Mais comme j'aime beaucoup les Yeah Yeah Yeahs (un groupe sous-estimé à mon goût) et que j'en avais entendu dire du bien par des gens dignes de confiance, j'ai écouté ça. Et je ne le regrette pas. Le résultat est magnifique. Et donc c'est possible, le rock peut accomplir des merveilles en revisitant les rêves de l'enfance. Le rock naïf a un sens et il a trouvé là un chef d'oeuvre. Karen O est une très grande chanteuse, et elle sait à merveille réveiller son âme de gamine. Ca m'a rappelé ce clip dément de "Y Control" des Yeah Yeah Yeahs, où elle dansait sur une musique punk survitaminée comme une petite fille jouant à la marelle. Sauf que dans ce clip, il y avait des enfants ultra violents. Ici les choeurs d'enfants sont plus angéliques, et ça passe très bien, ça apporte une touche de lyrisme digne des envolées des grands groupes chorales qui ont essaimé un peu partout depuis Arcade Fire (I'm From Barcelona, Architecture In Helsinky,...). Et pour contrebalancer ces titres, on trouve des ballades vraiment très émouvantes, dont une reprise à pleurer d'un morceau de Daniel Jonhston. Daniel Jonhston : le plus grand conteur naïf de l'histoire du rock. Je me souviendrai toujours du morceau "King Kong" où il chantait littéralement l'histoire du grand singe : son interprétation donnait envie de chialer. Daniel a des problèmes psychiatriques. On peut le trouver débile ou aimer son innocence. Je penche pour la deuxième option et je pense que c'est cette innocence qui sauve le monde. |