Encore un groupe d’Anvers, témoignage supplémentaire de la vitalité de la scène belge. Après Deus, Girls In Hawai, Venus, Mintzkov prend le flambeau. En fait ça ressemble beaucoup à Deus : on y retrouve ce rock puissant et tendu, ces structures répétitives et hypnotiques cimentées par une ligne de basse implacable, quelques claviers agressifs et de grosses guitares. La tension, caractéristique flamande ? Après tout ce sont bien les flamands (voir les peintures d’un Van der Weyden) qui ont fait apparaître la tension dans l’art occidental en le dégageant de sa déférence iconographique byzantine ou son idéalisme florentin. Colère rentrée, incarnation, souffrance, émotion tellurique, comme le rock !
360° est un album efficace, très marqué par son modèle Deus donc. Il y a un peu de Pixies aussi, par petites touches. La voix du chanteur égale bien celle de Barman. L’énergie nous emporte. Le principal reproche qu’on peut faire à ce disque est qu’il s’emballe par moments dans un certain pompiérisme : à vouloir jouer rock à tout prix, on se demande parfois si ça n’en devient pas caricatural. Les chœurs féminins en directe ligne des Breeders virent bubblegum, un peu trop pour que ça soit convaincant. Mais ne boudons pas notre plaisir, 360° reste un très bon album de rock, et sa puissance est communicative. Désormais, le groupe va devoir s’attaquer à un challenge de taille : comment se démarquer du style Deus, pousser les comparaisons au panier (elles doivent bien les énerver ces comparaisons !) et gagner un style personnel ? Remarquez, ils peuvent aussi bien choisir de perpétuer le style, au risque de passer pour de bons élèves de l’école « Deus » plutôt que de forger leur propre cadre. Affaire à suivre. |