Il y a deux choses qui nous fascinaient dans le premier album de Carla Bruni : sa voix et son chant ténébreux et enfumés, et les mots qui s’entrechoquaient comme le ‘e’ dans l’a’ cher à Gainsbourg. Les mélodies agréables et soyeuses n’apportaient elles, rien de bien neuf. Comment, en franchissant la barrière de la langue, Carla Bruni allait-elle confirmer tout le bien que nous pensons d’elle ? Sa seule voix ne serait pas réellement suffisamment, les mots obligatoirement d’un autre niveau de poésie, pouvant demeurer incompréhensibles à toutes personnes que l’anglais, à l’école, avait rebuté. Et pourtant Carla Bruni persiste et nous signons. Sur des poèmes de l’immense Yeats (« Those dancing days are gone », « Before the world was made »), de la solitaire Emily Dickinson (« I felt my life with both my hands », « If you were coming in the fall », « I want to heaven »), de Dorothy Parker (« Afternoon », « Ballad at thity-five ») et de quelques autres, avec l’aide du précieux, bien qu’un peu lourd lorsqu’il travaille ailleurs, Louis Bertignac, elle nous hypnotise par des essences épurées dont elle possède le secret. Avec ce folk lifté et modeste, Carla Bruni fait d’une expérience un peu particulière, la suite appropriée au très beau « Quelqu’un m’a dit ». Avec « No promises », elle prouve, sans aucune promesse, que ses réussites ne sont pas le résultat d’un heureux hasard mais d’un travail acharné et qu’elle possède bien un grand talent pour l’écriture et la chanson. |