Il y a des groupes dont nous connaissons la valeur des albums avant même de les avoir écouté. D’une discographie métronomique, la régulière grandeur de leurs disques rend ces groupes, rarement sous les feux de la rampe, beaucoup plus précieux que la plupart des habituels instantanés. Des groupes jamais avares en évolutions, mini-révolutions artistiques amenées toujours avec goût et intelligence. Nous pourrions citer Deus. Nous pourrions aussi citer les formidables Calexico. A dire vrai, « Garden ruin »ne ressemble pas aux autres albums de Calexico. Terminé les excursions vers le Mexique (les fameuses Mariachi), ce serait presque vers l’Europe continentale que regarde Calexico. « Garden ruin » pourrait être un disque des Nits (« Roka (Danza de la muerte) » ou « Lucky dime »). Un des meilleurs disques des Nits. Calexico en transformant sa musique pour la rendre moins rugueuse, gagne en luminosité. Folk en ligne claire (« Bisbee blue »), rock aérien et aéré (« Letter to Bowie knife »), la musique de Calexico, pour ce cinquième album, est toujours animé de la même flamme intérieure, celle qui l’animait déjà les premiers jours. Loin des formats, archi ressassés, Calexico, inventeur de son propre langage, le fait constamment évolué, enrichi ici par des touches très Européenne (on a même droit avec « Nom de plume » à une chanson francophone). Comme le chante Joey Burns dans « All systems red » : “I wanna tear it all down/and build it up again” (je veux tout détruire et tout reconstruire). C’est chose faite, c’est chose réussie. |