Chaque album de Beck était annoncé des mois à l’avance comme révolutionnaire, indispensable chef d’œuvre plus fantasmé que réellement décortiqué. Ces disques bavards étaient au final de bons disques, bien construits, au-dessus de la moyenne mais peut-être pas les objets grandioses que beaucoup (dont nous) ont décrit. Depuis « Odelay », quid des chefs d’œuvre chez Beck, quid de l’immense bordel et de la grandeur d’écriture et d’âme comme sur « One foot on the grave ». Ce qui fait plaisir avec « Guero », album que dont personne n’a écrit des critiques dithyrambiques des mois avant, c’est qu’il sonne comme un retour aux sources, comme un dépoussiérage de l’écriture Beckienne pour n’en conserver que les attributs qui en faisaient la force c’est-à-dire sa simplicité « E - pro », sa générosité, son faux foutoir « Que onda guero », sa capacité à écrire des comptines éclectiques d’une grande simplicité et qui nous touche avec une déconcertante facilité. Avec son mélange de hip-hop indocile, de folk piquant (« Girl ») et de pop-rock bancal (« Scarecrow », « Farewell ride »), « Guero » est un de ses disques les moins aboutis, c’est par ailleurs un de ceux qu’on prend le plus de plaisir à écouter. Et si on ne commettra pas une nouvelle fois l’erreur d’en faire un chef d’œuvre avant de laisser le temps agir sur lui, nous sommes bien obligés de reconnaître que cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas senti aussi proche de Beck, cet immense songwriter dont la discographie oscille entre grand disque bordélique et bon disque de genre. |