Objet:
Quelques messages à caractères universels :
Pourqoui faire les courses au Carrefour
me rend l'humanité infréquentable.
Pourquoi n'as tu jamais crié au secours
quand tu étais encore fréquentable
(Pourquoi? parce que!).
T'as tellement peur que ça soit bien
T'as tellement peur que ça s'arrête
T'as tellement peur de croire au bien
T'as tellement peur de la défaite
(Grandir)
Même l'amour à un prix, même le désir se calcule
Même parfois l'envie s'envie, ça en devient ridicule
(Brûle)
Elle était de ces femmes qu'on embrasse sur les yeux
Dont on tombe sous le charme comme on tombe sous le feu
Elle était de ces femmes qui ne laissent pas les hommes silencieux
dont on tombe sous la mitraille rien qu'en croisant ses yeux.
(Madame)
J'ai perdu le goût des représailles
Que mes victimes en soient témoins
J'ai du sans le savoir combler des failles
Des précipices, des crevasses, des ravins
J'ai même perdu le goût des funérailles
Et des larmes au petit matin
(Le défroqué)
J'ai pourtant fait ce que j'ai pu,
même ce que je ne voulais pas
je me suis pourtant mis à nu
mais tu ne voulais pas voir ça.
Je le vois bien tu ne veux plus, ce genre de type comme moi,
un peu mal fouttu et si souvent maladroit
que j'ai perdu tout ce qui t'avait plu
gagné ce qui ne te plaisait pas
(Je plaisante)
Et je sors et je drague comme on crève
avec tellement de choses à regretter
Mais si un beau jour je cède,
pourras tu me pardonner
(La fidélité)
Sur mes désirs, sur tes promesses
crachons veux tu bien
Dire que j'étais si fort, comment j'en suis là j'en sais rien
Peut-être que les cocus adorent faire les malins
avec des mots qui perforent, qui font pleurer les marins
(Crachons veux tu bien)
Mais pour les coups de pieds aux étoiles
oh pour ça je suis le roi
Quand je m'achève sur les comptoirs
comme une grosse baleine
qui attends sans trop y croire qu'un jour tu lui reviennes
Qu'un jour tu lui déclares, tu joues pas si mal quand même
(Evoluer en 3eme division)
Si elle se rendait à l'évidence
que tout nous sépare
qu'il ne faut pas me faire confiance
que je n'ai rien à voir
avec ses belles espérences
Quand les coeurs sont en faïence,
c'est foutu c'est trop tard
(Recouvrance)
Que devient mon souvenir quand tu n'y penses pas
va-t-il bientôt mourir comme nous deux autrefois
Quand il y avait tout à salir même toi et moi
(Que devient ton poing quand tu tends les doigts)
J'ai perdu ton jolie goût ma chère
cette nuit sous les étoiles
Et je ne sais plus trop quoi faire
je me sens seul, je me sens sale
(Le cul par terre)
Car tu es beaucoup trop tendre
pour être vraiment civilisé
tu préfères te faire prendre
pour un parfait cinglé
qui prend tout ce qui est bon à prendre
du moment que c'est mauvais
(Gilles)
Voilà ce que nous avons pu entendre ce mercredi 27 février au moulin de Marseille. Des mots qui se choquent et s'entre choquent sans espoir de répit, sans l'ombre d'une espérance. Fonctionnant comme une catharsis impitoyable, les chansons de Miossec ont cette caractéristique de fusionner avec nos vies souvent misérables quelquefois d'avantages. Une qualité rare qui nous mets en adoration ou en detestation, selon l'humeur, devant la signifation de ce lexique désenchanteur. Il faut aller voir Miossec le jour où l'on veut s'entendre dire sa propre vérité, remuante et dérangeante qu'on oubliera, pauvre con superficiel et inconscient. On a beau essayer, on a beau jouer un rôle et tenter de se sauver, le breton nous rapelle à l'ordre pour nous montrer les voies à ne pas suivre, les voies qu'on se régale pourtant d'emprunter pour mieux se démolir.
Après cela la musique, l'accompagnement est secondaire bien qu'impeccable. En tout cas bien meilleur qu'un Miossec plein d'ambiguïté (comme à son habitude) qui oublie d'articuler ou qui se plante dans les paroles. Un batteur furieux et fabuleux, qui tirent vers le haut des morceaux dont on filtre la musique pour mieux respirer les textes.
En petit comique ou du moins le veut-il (demandez à la fille qui n'a pas eut ses 'moments de plaisir" ou au type prédestiné à la marine nationale), Christophe évolue encore en troisième division du professionnalisme et c'est tant mieux lorsque c'est réussit (ce qui ne fut pas le cas il y quelques années à Cavaillon). Presqu'une heure et demi de concert, à s'acharner à tuer le désir et l'amour. Car Miossec est un tue l'amour et cela fait du bien, d'entendre un type baver des malheurs sûrement fantasmés. Qu'il soit à plat ventre devant se belle surestimée ("Madame" ou "Crachons veux-tu bien") ou crucifiant une pauvre fille pas si belle que ça ("Recouvrance", "La fidélité" ou "Le cul par terre"), se remémorant un passé agité ("Que devient ton poing quand tu tends les doigts") ou s'auto-flagellant par des citations putassieres ("Evoluer en troisième division", "Crachons veux tu bien"), il parvient à se moquer de lui-même entre les morceaux, du pessimisme permanent de ce reccueil de poèmes crus. Miossec est un sa foi, ni loi. Aucune croyance salvatrice (l'amour n'existe que pour être détruit et nous détruire, aucune loi de bienscéance. Après un set comprenant de nombreux morceaux, Miossec reviendra d'abord avec son groupe pour trois morceaux puis tout seul avec une guitare dont il n'est pas le plus grand utilisateur. Miossec est surtout un auteur, capable par des textes simples et directs de rameuter les foules. Une sensibilité destructrice qui fonctionne en accroche coeur ou en en direct du poing qu'on se prend directement dans la gueule, sans filet, sans contre poids ("Je plaisante", "Pourquoi? parce que!"). Fortement concentré sur ses premier ("Boire") et dernier disque ("Brule"), on regrettera l'absence de morceaux comme "L'infidélité", "On était tellement de gauche" ou "Combien t'es beau,combien t'es belle" car on aurait aimé rajouter dans les messages à caractères universels :
Elle n'était même pas belle
Elle était même un peu conne
Je n'ai plus le moindre souvenir de sa personne
Elle n'était même pas belle
elle n'était même pas bonne
et d'ailleurs je n'ai plus la moindre idée de sa personne
(L'infidélité)
On se dit de toute façon l'histoire est moche
Ce qui n'était pas gagné d'avance et désormais perdu
alors on laisse nos mains dans nos poches
même plus envie d'avoir le poing tendu
(On était tellement de gauche)
Tu ne voyais même plus
les yeux qu'elle avait pour toi
Quand tu lui gueulais dessus
en racontant n'importe quoi
("Combien t'es beau, combien t'es belle") |