P.Abomnès : "Album de rock magistral - de pop'n'roll diront certains. Les Maxïmo Park réussissent avec ce disque fiévreux à combler les attentes inconsidérées qu'ont fait naître leurs singles époustouflants "Apply some pressure", "The coast is always changing" et "Graffiti" - que l'on retrouve également ici et faisant déjà figure de classiques. L'ensemble du disque, d'une grande cohérence, se maintient à un niveau d'excellence impressionnant. On ne distingue que difficilement un titre un peu faiblard - peut-être la déja connue "The night I lost my head" qui me laisse relativement froid et encore elle tient plutôt bien la route... - dans ce fatras de chansons ébourriffantes. Que dire de chansons aussi enthousiasmantes que "Postcard of a painting" - sous influence Smiths -, "Going missing", "I want you to stay" ou "Limassol" ? Simplement que, génialement entêtantes, elles risquent fort de nous trotter dans la tête et de cheminer plaisamment et follement à nos côtés un (certain) temps certain. La fin du disque est peut-être - pour faire la fine bouche - un petit peu moins convaincante ... encore que "Once a glimpse", "All over the shop" et "Kiss you better" - qui, toutes trois, en dépit de départs un peu poussifs, finissent par emporter l'adhésion via des refrains brûlants, outrageusement pop - font l'effet de nouvelles bombes lancées avec classe et fougue. Et puis il y a la chanson que l'on n'attendait pas ici, en forme de pépite entre les pépites, la bien nommée "Acrobat". Ce titre plus contrasté, lent et triste - mi-parlé, façon Whipping Boy, mi-chanté...et influence Bowie sous-jacente (pour ne pas dire plus ... c'est suffisamment beau pour ne pas crier au plagiat) - que ses congénères délurés se déploie sur plus de quatre minutes, se ressaisissant au bout de deux minutes cinquante pour donner toute l'étendue de sa puissance expressive à travers un mur de guitares sidérant accompagné d'un clavier discret mais indispensable ... qui fait frissonner et monter irrésistiblement les larmes. Je vous l'annonce enfin : Maxïmo Park vient de détrôner haut la main Franz Ferdinand - je ne tiens cependant pas à les mettre dos à dos, les deux groupes sont nécessaires, importants, mais j'ai sans doute l'outrecuidance de croire qu'il y a ici plus de très bonnes chansons. Un disque d'ores et déjà indispensable. Ouais, je sais, beaucoup trop d'emphase et de superlatifs , jusqu'à l'écoeurement, dans cette chronique ... mais je suis sous le choc et l'émotion reste malgré tout bonne conseillère si l'on y ajoute une dose de conscience et de recul. Et puis je crois fondamentalement qu'afin d'exposer à nouveau la clarté de l'exposition, on ne saurait faire l'économie d'un style flamboyant, outrancier parfois, pour dire un peu notre expérience intime et ce que sont ces chansons - en parler platement serait, je crois, les trahir un peu ... en trahir l'essence même, cérébrale, hédoniste, populaire ... C'est ce vers quoi j'essaie de tendre mais j'ai l'impression de revivre et de redevenir, délicieusement, quarante minutes durant, adolescent - ou alors peut-être n'en suis-je simplement jamais sorti ? Je ne boude donc pas mon plaisir. Rendez-vous est pris pour la Route du rock, cet été, où il nous sera loisible de découvrir live, si ce n'est déjà fait, les chansons de ce disque, histoire de nous rouler par terre comme au premier jour, le sourire aux lèvres, béat et joyeux, un peu idiots aussi mais en assumant cette idiotie démesurée, totalement. |